l’ART VIDEO en France

l’expérience de GRAND CANAL

 

Association d’artistes vidéo


Grand Canal

 

 



introduction

1- Historique

2- L’origine du terme « vidéaste »

3- Les membres de Grand Canal en 1980-90

4- Les artistes, critiques, collectionneurs, diffuseurs et afficionados en liaison avec Grand Canal

5- Les débuts, les premiers catalogues

6- Expositions, ouvrages, revues et diffusion des auteurs de Grand Canal

7- Grand Canal en veilleuse , et perspectives nouvelles

8- Grand Canal, de l’histoire aux archives


 

Introduction

 

L’art vidéo ? Le premier détournement de l'écran de télévision fut de l’éteindre, le deuxième de le retourner pendant un programme, puis de l'enterrer, de le brûler, de le noyer, de le jeter par la fenêtre, de le lancer d'un avion, de le casser à coups de hache, de tirer dessus à la carabine, d'y lancer une chaussure, de pisser dessus, de le maculer de peinture, de terre, de boue, d'excréments. Le troisième détournement fut de le fabriquer en bois, en pierre, en marbre, en bronze, en papier mâché, en pâte à modeler. Le dernier fut de le réallumer. Ainsi fallut-il le vider de tout ce qu'il contenait, puis l'emplir de matières diverses et perverses pour qu'il accède à son nouveau statut d'objet imaginaire.


L'art vidéo est une flexion de la technique autant qu'une réflexion sur la technique. Il se sert de la technique pour remonter le courant vers l'amont de la technique, pour retrouver les sources, l'origine des fleuves d'électrons qui nous bombardent quotidiennement sans que nous en ayons conscience, de même que les informations, les images, les mots que l'accumulation, la répétition et l’industrialisation rendent insignifiants. La vidéo veut simplement redonner du sens aux électrons, aux images et aux sons, comme Cézanne à une pomme, pour retrouver avec les machines, les écrans, les antennes paraboliques, les tours, les satellites, l'enchantement du monde ravagé par la technique, l'infantilisation, la commercialisation de la culture. En ce début de siècle les 999/1 000e de l'humanité regardent un spectacle que les autres 1/1000e jouent. Les hommes ne vivent plus leur histoire, ils la regardent et n'en subissent plus que le commentaire.


La vidéo pour devenir art, désire comme tout art, ne renvoyer qu'à elle-même. Elle se veut autonome. Elle se montre selon sa logique propre. Si la télévision ne fait la plupart du temps que renforcer nos agencements logiques ordinaires, il y a en revanche dans l’art vidéo une impossibilité à être autre chose que fragmentaire, allusive, désagencée. Cette remontée vers l’amont de la vidéo rappelle l’entreprise de ces artistes cycloniques qui, à l’époque du déploiement des hyper-marchés dans les années soixante, prenaient d’assaut les micros de ces cathédrales vouées au culte de la consommation pour remplacer les annonces sur le kilo de bœuf promo à 50 F. et les couches culottes, trois pour deux payées, par du Lautréamont, de l’Artaud et de l’Ungaretti.


Nous ne parlerons pas de tout l’art vidéo français qui est bien plus vaste et multiple, mais de l’un de ses fleurons, Grand Canal, qui illustre assez bien le surgissement et le développement rapides de cet art en France, à un moment particulier de l’histoire de l’image dans ce pays. Il va de soi que ce texte ne peut pas être complet d’emblée et qu’il demande à ses lecteurs avertis améliorations et suggestions (de préférence en vue d’ensemble).

 

 

1- Historique

 

La premiere image transmise sur tube cathodique semble être celle d’un fantôme , et date de 1924. La premiere image cathodique diffusée (par la radio) est celle d’un ventriloque et date de 1926 à Londres. Annonces inversées d’un futur saturé et bavard ? Quant à la première émission de télévision publique française, elle date de 1931 à partir de Montrouge. La première diffusion d’une ouvres vidéo sur une chaîne française date du 1er novembre 1981 sur Antenne 2 .

The first transmitted tv-image, 1924, Photo: Radio Times.

 

L’art vidéo est né, en France, au cours des années 1970 et a commencé à s’organiser au début des ’80, même si l’utilisation des machines vidéo a commencé bien avant, dès 1968-69. Il se pourrait bien que la première image vidéo tournée en France l’ait été par l’un membre des équipes Iskra de Chris Marker et Slon d’Inger Servolin : une femme à sa fenêtre. Elle fut tournée avec un magnétoscope à bande lente en bobine, dite ‘ancienne norme’, avant la NN dite ‘nouvelle norme’. Cette image est de Paul Bourron. Il revenait de New York avec un Portapak. Époque formidable, effervescente. On filmait la femme aimée et Loin du Vietnam (Marker, Resnais, Godard, Lelouch, Varda, Klein, Ivens - 1967) : Les groupes Medvedkine suivaient les grèves ouvrières, Paul Bourron les Scènes de grève en Vendée (1973).

 

Paul Bourron Scènes de grève en Vendée (1973)

Un groupe d’artistes vidéo se constitue et s’installe d’abord au début des années 80 au 15, Passage de la Main d’Or, à Paris, entre la Bastille et l’Avenue Ledru-Rollin, non loin des ateliers de Jean Louis Le Tacon, réalisateur breton, auteur du film-culte Cochon qui s’en dédit , et Anne Lainé qui venaient d’y créer leur société de production artisanale, Composite Production, dont le nom est emprunté au signal vidéo le plus courant de l’époque, le signal composite, mais « composite » a aussi un autre sens… Composite-Production s’installe dans les locaux de l’association Vidéo-Ciné-Troc créé en 1976 par Pierre-Olivier Bardet, pour développer l’information sur l’audiovisuel indépendant. Bardet y domicilie ses productions vidéo pour la télévision (Vidéo à la chaîne, par exemple qui fut une des premières émissions d’art vidéo de la télévision sur les chaînes farnçaises). François Pain (Metro Couronnes) et J-L Le Tacon venaient de découvrir la « paluche », caméra vidéo de Beauviala que l’on pouvait tenir à la main, reliée par un câble au magnétoscope, lui donnant une liberté de mouvement extraordinaire à cette époque. Peretti, Pain, Prado, Le Tacon, Lobstein avec l'aide de Claude Gilbert s’en serviront beaucoup. Prado et de Peretti tourneront même un film ethnographique en Bretagne avec le même outil (L’Art de la Fugue, 1977).


Anne Lainé et Jean-Louis Le Tacon vont filmer Tuxedomoon et Indoor Life à Poitiers, concerts de l'Oreille est Hardie. Anne Laîné et Jean-Louis Le Tacon lancent donc Composite-Production, à la suite de PVCM2, avec le statut d'une entreprise artisanale déclarée à Quimper, Finistère, où travaillait et résidait Le Tacon. Parallèlement à Composite-Production Le Tacon et Lainé proposent d'organiser la diffusion des œuvres video au sein de Composite-Vidéo. Ils lancent avec Sophie Handschutter (magicienne et électron libre) les Vidéocéanes à Brest. Le trio augmenté de Prado filment les Musiques de traverse de Reims ainsi que le concert de Jac Berrocal à la salle Jarry à Rennes, et participeront à la conception d’Electra avec Dominique Belloir à Paris (voir dans le site : Expositions et Catalogues).

 

Sono Giocondia, P. Prado - 1982 

 

-Juin 1982, , Composite Vidéo est créé dans la foulée autour d’un groupe de « vidéastes » ( le nom est encore à créer ) : H Nisic (trésorier), P. Prado (« griot »), A. Lainé (secrétaire) et D. Belloir, (présidente) en voie de formation parallèle. Les deux groupes voisins se rejoignent et fusionnent.

-Juillet 1983, Composite Vidéo devient Grand Canal Vidéo (voir le catalogue 1983). En effet, Composite était le nom à la fois de la société de production de Le Tacon et de l'association de vidéastes, et cela prêtait à confusion. L'un des vidéastes (Prado) revenait de Venise et, inspiré par le Grand Canal, a proposé l'ironie de ce nom grandiose pour un tout petit canal d'images, au moment où le mot "canal" remplaçait celui de "chaîne" avec l'apparition des Canal + et d’ autres réseaux câblés. Mais encore, le spectacle d’Urban Sax à Venise avec 25 saxophonistes et 10 choristes menés par Gilbert Artman sur les ponts de la Sérénissime avait fasciné Marie-Ange Poyet et Bénédicte Delesalle. Elles en font une superbe vidéo de 11 minutes en février 1981. La mobilité des saxophones répond parfaitement à la fluidité de la « paluche » vidéo.

En 1983, la colonie émigre chez Alain Longuet près de la faculté Censier, puis au 56 rue Daguerre entre le lion de Denfert Rochereau et la lionne Agnès Varda. Enfin, en 1987 Dominique Belloir et Alain Longuet louent à la Ville de Paris, rue Geoffroy l’Asnier, au dernier étage, un petit local dans un immeuble ancien dépendant de la Cité Internationale des Arts, près du pont Marie. Ce local a une histoire. Scott Lacleay, directeur artistique de l’American Center qui fermait ses portes boulevard Raspail (aujourd’hui Fondation Cartier) avait parlé à Alain Longuet de la possibilité de reprendre les activités et le matériel de l’atelier vidéo du Centre américain où Longuet animait jusqu’à la fermeture un atelier de vidéo-danse avec Lila Greene et Mark Tompkins (voir film d’A. Longuet sur le site Grand Canal). L’opération n’a finalement pas pu se faire, et le matériel a fini tristement sa carrière dans les placards du Centre, mais Scott Lacleay met Dominique Belloir et Alain Longuet en contact avec Mme Bruno, directrice de la Cité Internationale des Arts. Ainsi fut créé le premier atelier de Grand Canal avec un banc de montage U-matic et de quoi faire les copies de diffusion des bandes. Longuet et Belloir arriveront progressivement à coloniser la cour du 20 et à loger Grand Canal dans un, deux, puis trois ateliers de montage et de post-production où les machines coûteuses et de plus en plus sophistiquées s’entassaient, et les nuits blanches de même. C’est là que beaucoup des vidéastes sont entrés en relation avec le premier ordinateur domestique de leur vie : un Mac Classic qui fut leur première nounou, en concurrence avec Marie Mas, égérie du groupe, qui ensuite intègrera le CNC. Enfin les écoles d’art envoient dans les ateliers des étudiants en stage dont certains présentent des extraits d’œuvres. Yves de Peretti prend les manettes de l’association, avec Belloir toujours, en décembre 1991. Les moyens de tournage et de montage en Beta SP sont acquis et équiperont le troisième studio.

Ils quitteront ces lieux magiques après vingt ans de présence, le 27 septembre 2005. Fin de la vidéo analogique et passage progressif au « home studio » numérique et la fermeture de l'atelier de la rue Geoffroy l’Asnier. Grand Canal poursuivra son aventure rue Linné, chez D. Belloir, en face de la faculté Jussieu.

Grand Canal fut d’abord un groupe « art en réseau » associatif où l’entr’aide entre tous les métiers de l’image et du son, a été essentielle, parfois fort bien soutenus par des institutions, de l’INA à Canal +, de la DAP, la Délégation aux arts plastiques du Ministère de la Culture, au Ministère des Relations extérieures, avec Pascal-Emmanuel Gallet, comme passeur d’images aux quatre coins du globe.

L'arrivée de Jacques Lang au Ministère de la Culture en 1981 a de fait été synchrone avec la grande soif sociale de nouvelles énergies et.. d'images. Ces années furent celles d'un intense « bricolage » entre des institutions ayant investi dans de couteuses unités de production video (tournage et montage) pour des enjeux souvent confus (le progrès!) et une génération d'artistes sans aucun moyen mais pleine d'idées. De grandes professionnelles ont accompagné ce mouvement : Marion Sauvargue, Chantal Soyer et Martine Bour, tandis que se créaient des ateliers vidéo à l’ENSAD (École Nationale des Arts décoratifs) avec son patron Don Foresta et dans les écoles des Beaux Arts un peu partout en France ainsi que des ateliers dans certaines universités. Enfin, le Centre américain, sis boulevard Raspail (où se situe aujourd’hui la Fondation Cartier) fut parmi les premiers à diffuser les vidéos françaises.

Le Centre Georges Pompidou est l'exemple paradoxal de ce phénomène. A son ouverture en 1977, il s'était équipé d'un studio video professionnel. Le directeur du Centre, le Suédois Ponthus Hulten en a ouvert la porte à des artistes telles que Suzanne Nessim et Teresa Wennberg qui réalisent « Swimmer » et « Norma or Gene » en 1978 et 1980, T.Wennberg avec « No­On » en 1983; et Catherine Ikam pour une grande exposition.

Teresa Wennberg - Susan Nessim "Swimmer" 1978 

 

Autre ouverture, l'Autoportrait de Hervé Nisic, infiltré dans la série La pub de Jean Dupuy en 1981 grâce à la complicité du performer Moogly Spex.

Mais, peut-être, changement de direction aidant, le Centre, sans doute sous la prise d'une récente fascination américaine, et très provinciale, a quasiment totalement ignoré l'art video français des années 80 (voir le catalogue d'aujourd'hui). Bien que soutenu par Pierre Restany, Martial Raysse a dû attendre ses 78 ans, en 2016 pour avoir accès à Pompidou avec sa première rétrospective personnelle. Yves Klein expose a Tokyo bien avant Paris, au MAM (Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris) en 1955. Ainsi, le Centre Pompidou a longtemps ignoré les premiers pas de l’art vidéo français, ne serait-que comme le début de quelque chose . Les « bedeaux » de l’art contemporain du Centre Pompidou, comme les appelaient les futurs vidéastes, ne juraient que par l’art-communication-marché, tandis que l’école de Paris et les Nouveaux Réalistes étaient en perdition. Le Centre Pompidou suivait là une tradition bien française depuis la présentation et la vente d’Un après-midi a la Grande Jatte à Chicago et de Les Demoiselles d’Avignon à New York. Heureusement qu’il y avait les Américains et leur Centre en plein Paris. Mais le Pompidou se rattrapera parfois avec bonheur (voir plus bas).


Pendant ce temps, dans le Sud, la ville de Montpellier, en pleine effervescence urbaine, a été une bonne actrice du bricolage évoqué ci­dessus : L'été 1981, le vénérable Musée Fabre, en travaux, et presque sans budget, accueille l'exposition « Futur, corps passés » (anagramme de support/surface) en hommage au groupe Support/Surface ­10 ans après-, installée par le jeune galeriste expérimental Jean­Marc Ferrari qui demande à un non moins jeune vidéaste, Pierre Lobstein, de réaliser non pas un documentaire mais un portrait-vidéo de chacun des participants, Dezeuze, Viallat, Cane, Devade, Bioulès. La logistique étant assurée par le VAL (Video Animation Languedoc) et par Claude Gilbert, grande militante féministe de la Fondation Schlumberger. Le VAL était une émanation du Conseil Général de l'Hérault qui voulait une télévision locale, qui ne vit jamais le jour. L'affiche de cette exposition (un trou dans un mur) a été arrachée, paraît-il, jusque dans les bureaux du Louvre, parce que, selon la rumeur, les conservateurs du Louvre n'avaient pas supporté qu’elle représentât la grande salle des lions du Musée Fabre avec un trou béant dû aux travaux : une anti-affiche d’ "art" !

"Futur, corps passés", Musée Fabre, "Marc Devade" de P. Lobstein, Montpellier 1981

 

Au printemps 1982, le 1er Festival International de Photographie de Montpellier, invite Lobstein, qui est en train de vidéoter des montpellierain(e)s ou « filmer l'Humanité » avec l'écrivain Valère Novarina­, à présenter ces portraits sur les 50 écrans de la régie du centre commercial Le Polygône à deux pas de la place de la Comédie. Succès grand public assuré. A l'automne 1982, 1ère performance « art et communication en images téléphonées ­ télévision à balayage lent, Slow­scan » - qui préfigurera celle de Vidéoceannes à Brest en 83 -entre le Carrefour des Régions du Centre Pompidou et la cave viticole de Berlou.. Cette proposition de Jean­Luc Saumade du VAL et de Lobstein est réalisée avec le soutien de France Telecom (réseaux) et de CIT­Alcatel (outil). Ce programme introduira un cycle Ni2 (nouvelles images au carré) aux Beaux­Arts de Montpellier invitant Belloir, Nisic, Prado, de Peretti, Bouvet, Vecchiet, Wennberg, Joan Logue, organisant l'exposition d'Antoni Muntadas « haute CULTURE » au Musée Fabre/Polygone et culminant par un bal masqué vidéo le 9/06/1983 au Chateau d'O avec installations video d’Orlan, Marie­Jo Lafontaine et défilé de mode avec François­Xavier (radio libre), Armand Mirallès, Jean­Alain Sidi­ (les chiens des présents diffusant dans le parc du Chateau le son par petits postes FM accrochés au collier) le tout balayé en images lentes (slow scan) envoyées par téléphone aux Beaux­Arts de Bordeaux.

« Ecrans noirs » spectacle de vidéo-théâtre de Pierre Friloux, Françoise Gédanken et Hervé Nisic qui en assure aussi la scénographie vidéo est créé en 1981 à la Maison de la Culture de Bourges et présenté sous une nouvelle version en 1982 sur la grande scène du Centre Georges Pompidou dans le cadre des « Nouvelles écritures scéniques contemporaines ». Ambitieux dispositif où les comédiens harnachés de moniteurs, filment un théâtre de guerre de salon. Des fauteuils-vidéo pyramidaux et d'imposants éclats de miroir terminés par des vortex-vidéo projettent des images hallucinées transposant la violence des images de guerre. Le journal Le Monde en fera un compte rendu d'une page entière, témoignant de la force de l'impact de la vidéo sur la scène entièrement habitée par ses dispositifs.



Ecrans Noirs au Centre Georges Pompidou 1982 photo Anne Nordman



L’origine du terme « vidéaste »

Le terme "vidéaste" lancé dès cette époque (cf l'article du Monde d'avril 1982 sur Ecrans Noirs) est mal reçu d'abord par les cinéastes. Ils leur prenaient la rime. Pourtant le mot s'est imposé à partir de Grand Canal avec le succès que l'on sait. Le video artist ou artiste vidéo n'a jamais pris vraiment de ce côté-ci de l'Atlantique, avec son côté « I am an artist » , tandis que l’art vidéo et la vidéo de création démarraient concurremment leur carrière linguistique. On remarquera aussi dans cette préface ironique du premier catalogue Grand Canal 1983 (voir plus bas) que le pli du repassage vidéo était dans l'air, trois ans avant Deleuze et son pli leibnizien ("les replis de la matière et les plis dans l'âme"). C'est que les vidéastes venaient de tous les horizons : des architectes, des danseurs, des mécanos, des musiciens, des philosophes, des repasseuses, des photographes, des ingénieurs, autant que des plasticiens, des peintres et des designers. Les auteurs le prenaient en effet comme un art « en retrait », selon J-P Fargier dans ce même catalogue, qui s’efforçaient contradictoirement de ne « pas entrer dans le système » tout en assiégeant les galeries et les nouveaux « canaux » télévisuels, souvent avec succès. Mais ce fut d’abord un art en réseau,

 

3- Les membres de Grand Canal en 1980-90

Abadi Emma, Baladi Roland, Barbier Dominik, Belloir Dominique, Bouleau Annick, Boushira Mariana, Bousquet Patrick, Boustani Christian, Bouvet Jean-Christophe, Bouzat Luc, Cahen Robert, Chevalier Miguel, Chevrier Colette, Cousseau Jean-Yves, Delesalle Bénédicte, Derosier Catherine, Fargier Jean-Paul, Gautreau Jean-Michel, Geoffroy Christiane, Gohard Ghislaine, Handschutter Sophie, Ikam Catherine, Jaeggi Daniele, Jaffrennou Michel, Jomier Alain, Labernia Agathe, Le Tacon Jean-Louis, Lobstein Pierre, Loire Sylvie, Longuet Alain, Mas Marie, Moehr Xavier, Morelli Patrick, Nguyen Minh Yann, Nisic Hervé, ORLAN, Pain François, Petitjean Marc, Pouchous Jean-Michel, Poyet Marie-Ange, Prado Patrick, Truffaut Philippe, Ugolini Richard, Vecchiet Jean-Michel, Vogan Cathy, Wennberg Teresa.


4- Les artistes, critiques, collectionneurs, producteurs, diffuseurs, afficionados et video-fashionistas en liaison avec Grand Canal.

Mario Costa, , Marc Caro, Martine Castro, Catherine Millet, Ph. Puycouyoul, Alain Micaud, Pierre-Olivier Bardet, Valentine Roulet, Patrick Zanolli, J-M Benech, Marie-Jo Lafontaine, Fleur Chevalier, Patrick de Geetere, Michaël Gaumnitz , J-P Tréfois ,Jean Dupuy, Stéphane Trois Carrés, Colette Deblé, Pierre Trividic, Basile Vignes, Nicole Croiset, Joëlle de la Casinière, Eva Ramboz, Thierry Kuntzel, Jérome Lefdup, Jean-Luc Lagarce, Suzanne Nessim, Nil Yalter, Hélène Faulat, Jurie des Camiers, Léa Lublin, Bernard Parmeggiani, Marie-Paule Nègre, Michel Bonnemaison, Philippe Boulanger, Claude Torrey, Martial Raysse, Pierre Bongiovani, Gérard Callisti, Michel Gérard (Film et Culture, Belgique), P-A Gette, Mark Tomkins, Alain Morel, Raymond Bellour, Dany Bloch, Pascal-Emmanuel Gallet, Wolf Vostell, Marcel Dupouy, Jean Dupuy, Gladys Fabre, Ulrike Rosenbach, Shigeko Kubota, Nakajima Ko, André Stempfel, Chris Marker, Jean Andre Fieschi, Jean-Luc Moullet, Jean Genet, Nam June Paik, Vasulka, Jacques Bauduin, Brigitte Montagnac, Jean-Marie Duhard, Nikos Giannopoulos,Th. Nivaux, Cécile Babiole, Bernard Andrieux, Nelly Guilmoto, M. Cazenave, Marie-Josée Burki, Claire Roudenko-Bertin, Ivan Messac, M. Mingarelli, K. Murobushi, Marc’O, Anne-Marie Pecheur, Kiki Picasso, Véronique Mouysset, Anne-Marie Duguet, Olivia Petrucci, Jorge Saïd, Tatiana Cumsille, Takako Yamaguchi, Marion Vargaftig, Victor Simal, Severe Mayeux, Paul et Carole Roussopoulos, Thierry Nouel, Yvonne Mignot-Lefebvre, Michel Lefebvre, Corinne Zerbib, François Helt, Mahfoud Majdane, Pierre Rovere, Goguy, Cielewicz, Slobodan Pajic,Viet, Video Animation Languedoc, Vidéographe (Québec), Vidéographie RTBF (Liège), DAP, ENSBA, DRAC Régions, FIACRE, Heure exquise , Geneviève Hervé , Don Foresta, Nelly Mars-Guilmoto.



5 Les débuts, les premiers catalogues

Certains de ces auteurs disaient à l’époque qu’en France l’art vidéo était surtout le fait « de femmes, de pédés, de juifs et de bretons » (D. Belloir, P. Prado, J-Le Tacon entre autres, étaient aussi Bretons). Des minoritaires... Et ils théorisaient cela en assurant par exemple que les filles avaient saisi les caméras vidéos Sony et portapak parce que les garçons ne voulaient pas lâcher leurs grosses bécanes 16 et 35. Il y avait du vrai. Y compris dans la vidéo militante quand Carole Roussopoulos et Yvonne Mignot-Lefèvre filmaient les luttes féministes et ouvrières avec Video OO, Vidéo out, etc, avec les moyens du bord. Dominique Belloir lançait enMic 1981 Vidéo Art Explorations dans un numéro spécial des Cahiers du Cinéma : http://www.vasulka.org/archive/4-23b/Cahiers(9016).pdf. Ce fut un peu la rampe de lancement de la vidéo en France. On y trouvera un historique de l’apparition de l’art vidéo, vidéo-performances, vidéo-sculptures, vidéo-installations en Allemagne, aux Etats-Unis et en France.


Avant l’ouverture du Centre Pompidou préexistait un atelier de montage vidéo, au 5ème étage d’un immeuble de la rue du Renard qui accueille des auteutrs de Grand Canal, plutôt sur des liens personnels qu’institutionnels. Après l’ouverture du Centre,Teresa Wennberg et Suzanne Nessim sont les premières, avec Orlan, « artiste transmedia et féministe » à mesurer l’institution et se mesurer aux nouveaux studios installés au Centre dès 1978, de même que Catherine Ikam en 1980, tandis que Nicole Croiset et Nil Yalter exposent à l’ARC, au Musée d’art moderne de la Ville de Paris (MAMVP). La même année, Pierre Gaudibert avait créé l'ARC au MAMVP dès le début 70. Dans ce dernier établissement, très ouvert à l’art vidéo et à l’art contemporain vivant, Suzanne Pagé et Dany Bloch furent les premières à soutenir l’art vidéo de France et d’ailleurs.

Dominique Belloir par Marie-Paule Nègre
Stage de Guy Le Querrec - Arles 1981


Bien sûr, Duchamp et Magritte étaient les ancêtres. Wolf Vostell, l’allemand bricoleur jamais sérieux, Nam June Paik, le ludion au violon, étaient leurs héros ; Dada et Fluxus leurs classes maternelles ; Jean- Christophe Averty, leur maître en virtuose télévisuelle ; et Beauviala, Dupouy, Campanna, inventeurs géniaux, leurs dei ex machina. Cela dans une atmosphère moins rocky que planante avec Steve Reich et John Cage aux instruments, suivis plus tard par Kraftwerk, et Métal Urbain au Gibus : « Panik, anarchie, démokkratie ».

Grand Canal - catalogue 83


Les années 1975-1995 sont la grande double décennie de l’art vidéo français en général et de Grand Canal en particulier. Mais les pionniers sont là dès 1973 avec B. Parmeggiani (L’œil écoute, 1973), R. Cahen, L’Invitation au voyage, 1974), P-A. Gette, (Botaniques, 1974), M. Raysse (L’Hôtel des folles fatmas, 1974), D. Belloir et R. Verbizh (Fluides, 1974), R. Baladi (Écrire Paris avec les rues de cette ville, 1974), F. Janicot (Mon Plancher et sous mon plancher, 1974), J. Roualdes (Signal, 1974), N. Yalter (La Femme sans tête, 1974), Patrick Prado (Lundi soir, mardi matin, 1976). Dès cette période apparaissent les catalogues collectifs ou personnels, tandis que la plupart des vidéastes commencent à chercher d’autres métiers pour vivre, en particulier comme professeurs dans les écoles d’art.


Grand Canal publie en 1990 un catalogue grand format qui reprend vingt ans d’archives vidéo de Grand Canal de 1970 à 1990. Tous les auteurs y sont représentés d’Abadi à Wennberg


catalogue Grand Canal récapitulatif 1970-1990

Alain Longuet à Grand Canal au 20 rue Geoffroy l’Asnier, Paris 4°


6- Expositions, ouvrages, revues et diffusion des auteurs de Grand Canal


Il y a eu un décalage normal, mais en réalité relativement court entre les réalisations d’art vidéo ou de « vidéo de création » et l’apparition des festivals et donc des catalogues d’art vidéo. Jean-Marie Duhard qui fut un pionnier en créant le festival de Montbéliard, écrit : « Jusqu’en 1980, la vidéo s’était inscrite dans la marge, dans la « cuisine », comme la Kitchen à New York, ou bien elle restait confinée à un cercle restreint d’initiés, de connaisseurs qui fréquentaient les musées, les galeries. En 1980 vont se multiplier et s’enchaîner les festivals, avec chacun leur spécificité, leur originalité et surtout cette volonté d’ouvrir une brèche pour qu’il y ait une réelle rencontre, échange et confrontation entre les artistes, les producteurs et les diffuseurs et les « nouveaux » et peu nombreux théoriciens de ce nouvel art : festivals de Locarno, Charleroi, La Haye, Montbéliard, San Sebastian, Berlin, Salzzo-Maggiore, Bruxelles, Amsterdam, Montréal, Los Angeles, Genève, Madrid, Sarajevo, Ljubljana etc. » (in catalogue Vidéocréation d’Intermédia, voir plus loin).


1974, novembre, Art Vidéo Confrontations 74, Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, CNAAV. Conception et organisation Dany Bloch, Don Foresta et Dominique Belloir : les débuts de l’art vidéo en France, en Europe et aux Etats-Unis...

1979 première manifestation franco-chilienne d'art vidéo, créée par Pascal-Emmanuel Gallet, et nommée « festival » à partir de 1980. Lancé en octobre 1980 à Santiago du Chili comme festival franco-chilien, le Festival Franco-Latino-Américain d’Art Vidéo s’est étendu d’abord à Buenos Aires, puis à toute l’Amérique latine et à Bogota jusqu’en 1996 où il a été simultanément diffusé par satellite dans 40 lieux de toute la région. A partir de 1989, il a essaimé dans les républiques baltes.

1979 Galerie La vitrine, exposition personnelle de bandes vidéos de Hervé Nisic : Feeling, Go, Métro, Zibeline, Ça chat, A treat, Improvisation.

1980, février. Ateliers ARC, Dany Bloch et D. Belloir. Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, Vidéos de P-A Gette, P. Prado XXX

1980, XIème Biennale de Paris, Grand Palais, Paris. D. Belloir. Diffusion des œuvres à la Fondation Gulbenkian, Lisbonne,1981. Thèmes : de l’architecture à la vidéo....

1980 Global Village montre deux bandes de H. Nisic (A treat, Improvisation) dans ses Video and Film Series à New York.

1980, 31 juillet-10 août, I°Festival International d’Art Vidéo, en parallèle avec le Festival International du film. Locarno, Suisse. Coordinatrice : Dany Bloch, Président du festival : Rinaldo Bianda.

1980, 10,11,12 juin, French Video Art, Art Video Français, American Center, Center for Media Art, Cinémathèque de Paris, exposition organisée par Don Foresta en vue d’une tournée aux USA avec le Media Study de Buffalo, avec le soutien du Ministère des Affaires étrangères. Bandes de Cahen, Deblé, Prado, Marker, Helt, des Camiers, Robert, Boulanger, Debré, Ikam, Torey, Nisic, Wennberg, Nessim, Pain, Yalter, Croiset, Mahfoud Majdane, Belloir, Rovere, Minh, groupe Cible, Dufour, Godeau, Goguy, Cielewicz, Pajic, Baladi. Cette expo faisait suite a trois journées d’atelier par Nam June Paik les 5, 6 et 9 juin à l’American Center. Couverture du catalogue :Patrick Prado

1980, 26 septembre, TF1, magazine « Expression », Réalisation Hélène Faulat et Guillaume Silberfeld. Premier passage a l’antenne de création vidéo avec, pour Grand Canal, D. Belloir, P. Prado xxx ajouter les autres

1980, Décembre, "Art Video Journées", 3eme Festival International du Film Abstrait, Montpellier, avec Belloir, Cahen, Dupuy,Icam, Gette, Kuntzel, Lobstein, Longuet, Nisic, Pain, Prado, Saumade, Wennberg..

1981, avril, Spécial Vidéo, Art Press. Catherine Millet, sa rédactrice en chef, toujours attentive à l’émergence de nouveaux talents, présente Nam June Paik, Dan Graham, Wolf Vostell et « tous les jeunes artistes vidéo ». Articles de Dominique Belloir et de Dany Bloch : Vidéoscopie : Belloir, Cahen, Prado, Deblé, Dauriac, Kuntzel, Marton, Pain, Yalter, Dupuy, Ristorcelli, Wennberg, Nessim, Despir-Résame, Gourlay.

1981, 31 juillet-9 août, II°Festival International d’Art Vidéo , Locarno, Suisse. Président du festival : Rinaldo Bianda. Coordination : Vittorio Fagone. Au jury, René Berger, Dany Bloch, Charles Pic, etc. . Prix : Dolce/Douce de G. Baruchello (Italie), So Different and yet de J. Coleman (Irlande), The new … de F. Pezold (Autriche), Concept Publiart de F. Van Herck (Belgique), Soleil de Van Gogh (Planetarium) de P. Prado (Grand Canal) qui reçoit le 1er prix d’art vidéo pour ce film. Dany Bloch, du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, publie l’année suivante à Locarno (Edizione Flaviana) Art et Vidéo 1960-1980/1982 Historique de l’art vidéo, classements des genres et des auteurs, un premier ouvrage sur le sujet en attendant celui d’Anne-Marie Duguet. (La mémoire au poing, Hachette, 1981. Elle a publié en 2002 Déjouer l’image) Anne-Marie Duguet est professeur à l’UFR d’Arts Plastiques et Sciences de l’Art de l’Université Paris1, directrice du Centre de Recherches d’Esthétique du Cinéma et des Arts Audiovisuels.

1981, Anne-Marie Duguet. La mémoire au poing, Hachette, Premier ouvrage sur l’art vidéo qui « interroge l’évolution actuelle de la vidéo légère ». « Grâce à elle, des luttes, des désirs ont engendré des productions irrespectueuses. Des écritures sont inventées et s’inventent encore. Pour quel ghetto, pour quels projets ? »

1981 octobre, Vidéo Art Explorations, de Dominique Belloir, Cahiers du Cinéma, Hors série. . 1ère de couverture « La mauvaise mémoire » de Patrick Prado : Les Marx Brothers (dans Casablanca) inscrits dans un téléviseur incrusté dans une publicité Moulinex. Introduction : « Le champ vidéo » par Jean-Paul Fargier. Ce N° des Cahiers fait l’historique de l’art vidéo dans le monde (essentiellement USA, Allemagne et France), définit les différents types de manipulation de l’art vidéo (sculptures, environnements, installations, happenings et vidéo-pièges), développe les technologies mises en œuvre par ce nouveau médium, établit les tendances de l’art vidéo en France, et liste enfin les vidéogrammes français à la date de parution.

Réalisation D. Belloir – photo couverture P. Prado


1981, 1er novembre, L’art vidéo en France, Antenne 2, magazine Vidéo 2, diffusion en deux parties d’auteurs vidéo proposée par Catherine Ikam et réalisée par Jean-Daniel Verhaeghe. On y retrouve Robert Cahen, Yan Nguyen Minh, Teresa Wennberg, Jean Andre Fieschi, Michel Jaffrennou, Patrick Bouquet, Patrick Prado, Dominique Belloir, Thierry Kunzel.
L' art video en France - Catherine Ikam / 1981.

1981, décembre, Et si Einstein s’était trompé, Sciences et avenir N° 418. En pages centrales : L’ordinateur fait du cinéma, avec des images de J-F Colonna (INA), Mowgly Witerman, H. Gouraud, Marc’o, G. Hervé, et P. Prado (Grand Canal) : Sono Gioconda, Je suis heureuse, réalisé au Lactamme, Ecole Polytechnique avec A. Longuet.

Sciences et avenir-décembre 1981 - Sono Gioconda de P.Prado

Lactamme- Ecole Polytechnique


 

1981-1982, 26 novembre-21 février. Ateliers ARC, Dany Bloch et Georges Boudaille sont les rares à soutenir les artistes vidéo des années 70. Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, Vidéos de C. Deblé, Ch. Picq, A. Garland, P. Prado,...

1981-1982-1983 (novembre) et la suite, Festival video franco-chileno, Encuentro Franco-chileno de Video-arte. Santiago, Chili. Pascal-Emmanuel Gallet (Ministère des Affaires étrangères) a conçu ces échanges entre vidéastes français et chiliens. Jean-Michel Solente en assure la réalisation à Santiago durant deux ans, puis Nestor Olagaray. La programmation a d’zabord été assurée par Marie Mas et Dominique Belloir, puis par Heure Exquise. Le Festival franco-chilien sera actif pendant plusieurs années, y compris sous les années Pinochet. Cahen, Prado, Le Tacon, Jaffrennou, Kuntzel, Fargier, Nisic,, Gaumnitz, Neplaz, Bourges, Longuet, seront invités a Santiago. Douze vidéastes chiliens puis latino-américains parmi lesquels Meneses, Forch, Said, Vargas, Arevalo, Aravena, Farji sont invités en France. Oeuvres croisées, journaux vidéo, résulteront de ces voyages dans les hémisphères. Chaque année depuis 1985 le festival permet à un (e) vidéaste latino-américain(e) et à un(e) vidéaste français(e), puis à des artistes baltes selon le même système d’échanges, de réaliser un «journal de voyage» vidéo en France, en Amérique latine et dans les pays baltes En tout, 37 journaux ont été ainsi réalisés, 12 d’artistes latino-américains et 12 d’artistes baltes à Paris, 10 d’artistes français en Amérique latine et 3 en Lettonie.

1982, 23-27 février, 2ème rencontre vidéo, Roubaix, C.R.A.V.Vidéos de Belloir, Dutrieux, Thomas, Perlein, Anssens, Josse, Baladi, Poyet, Delesalle, Lainé, Le Tacon, Le Comte, Minh, Boulanger, Bouvet, Prado.

1982, Art et vidéo 1960 - 1980/82, de Dany Bloch. Edition / Publishing : Edition Flaviana, Locarno (Suisse).

1982, mai, exposition FNAC-Paris, auditorium Fnac Montparnasse. XXXXX

1982, Vidéo 82, Télérama hors-série, « Les fous de la vidéo ». Ikam, Marc’O, Hervé, Ristorcelli, Faisandier, Ruiz, Prado, Jaeggi, Belloir.

1982, 8-12 juin, Semaine de la Création vidéo, Forum des Halles, Wennberg-Nessim (Swimmer), Cahen (L’entrap erçu) Prado ( La Mauvaise mémoire) etc. xxx

1982, juillet, Festival video, Elne (Pyrénées orientales) conçu et organisé par Victor Simal avec Marie Joe Lafontaine, Sophie Handschutter, Pierre Lobstein, Patrick Prado, Antonio Muntadas, xxx

1982, Carole Roussopoulos, Delphine Seyrig et Ioana Wieder, fondent leCentre Audiovisuel Simone de Beauvoir.

1982, 6-15 août, III°Festival International d’Art Vidéo, Locarno, Suisse. Président du festival : Rinaldo Bianda. Président du jury : Enrico Fulchignoni. Avec Anne-Marie Duguet, Marie-José Saliou, Dany Bloch, Nam June Paik. 1er prix compétition vidéo : Galerie de Portraits de Marie André.

1982 Présentation vidéo de Vidéo-Stock, Festival de Cannes, par Alain Micaud. Vidéos de D. Belloir, J-C Bouvet, P. Prado, N. Heydau, M. Vipotnik, Ko Nakajima.

1982, 13 octobre-14 novembre, Aimer L’Image, INA (Inst. Nal de l’Audiovisuel)-Midi-Pyrénées. Programmes cinéma, télévision et vidéo : « 100 créateurs, 140 titres, 350 heures de programme ».

1982 Sonovision, rédaction Jean-Marie Salaun, sur les vidéos de Prado , Le Tacon, Lainé, Jaffrennou, Bousquet,. Avec un texte de Belloir, Handschutter, Le Tacon, Prado : « À quoi rêvent les réalisateurs vidéo ? »

1982 Frigo ouvre une galerie vidéo à Lyon. Cairn ouvre un centre vidéo à Paris dans le 11eme ardt.

1982 Severe Mayeux, Dictionnaire des vidéastes, Le Technicien du Film. 4 vidéastes de Grand Canal dans ce premier numéro du dictionnaire, et les autres dans les numéros suivants.

1982, 6-12 décembre, 1er Festival de vidéo, Montbéliard, direction Jean-Marie Duhard. Pemière grande rencontre en France d’auteurs vidéo. Une image restera de celle-ci: Nus descendant l’escalier en hommage a Shigeko Kubota / Paik qui avait réalisée elle même une œuvre en hommage à Duchamp, qui lui–même… avait inventé les poupées russes ! Les prix : : Le message sidéral de H.Nisic Prix spécial du jury, L’amour transcodé de Patrick Prado


< photo des nus escaliers >-

1983, 10-20 janvier, Vidéocéanes, Brest. Conception et direction Jean Louis Le Tacon et Sophie Handschutter. Daniel Hanivel, directeur de la Maison de la Culture de Brest. 25 moniteurs Thomson formant écran géant, 4 sources programmables sur un dispatching conçu par Daniel Michel. Synthétiseur de Marcel Dupouy. Article de J-P Fargier dans les Cahiers du Cinéma : « Sans doute est-ce le spectacle pensé par A. Longuet, Escal, qui donna la plus forte impression de réussite (4 images croisées des escaliers roulants de Beaubourg) ». Ligeon-Ligeonnet ; Philippe Ronce avec L’Écho des bananes ; Orlan avec Sainte Orlan bénissant les Vidéocéanes sur des textes d’amour extatiques de St Jean de La Croix et Ste Thérèse d’Avila 


Pierre Lobstein et Jean Louis Le Tacon et leurs Lettres d’amour, 1ere expérimentation artistique de télévision à balayage lent en slow-scan (l’ancêtre d’Internet) entre Brest et le Château d’O près de Montpellier, co-produit par le VAL (Vidéo animation Languedoc), France Telecom et la paluche Aaton, avec Jean-Louis Le Tacon, Patrick Prado, Pierre Lobstein, Jean-Alain, et Cédric Andrieux alors enfant à l’un des bouts du fil de cuivre, aujourd’hui danseur chez Merce Cunningham à New York (en 2010). Une expérience de télévision locale « Cavale 34 » fut mise en route sur 600 foyers sur l’initiative de J-L Le Tacon par Patrick Prado et Hervé Fischer avec Jean Christophe Bouvet (le général de Taxi 1,2,3, 4) en présentateur vedette. (onglet voir le générique de Vidéocéanes). Une performance maritimo-sidérale de Hervé Nisic avec la complicité de Jean-Louis Letacon à la paluche.
Article dans Télé-Ciné-Vidéo, par Corinne Zerbib, avril 1983.

J-L Le Tacon - P.Lobstein


1983, mars-avril, Vanguardia y ultimas tendencias, video, cine, foto, Zaragoza, présentations de Anne Marie Duguet, Eugeni Bonet, Antoni Mercader, Jordi Torrent, Guada Etxebarria, Marshall Reese . Videos de Campus, Paik, Emshwiller, Fox, Rosenbach, les Vasulka, Sandin, Viola, Davidovitch, Horn et Wietz, Muntadas, Downey, Logue, Vostell, Tambellini, Farifer, Marton, Jaffrenou et Bousquet, Farm, installations de Pierre Lobstein, Antonio Muntadas, Eugenia Balcells.

1983, 20-27 avril, Incontri Cinematografici, Salsomaggiore, Italia, 7ta Edizione. Vidéos de J-P Fargier, J. de la Casinière, T. Wennberg, D. Belloir, C. Ikam, P. Prado, A. Montesse. Kiki Picasso, M. Saloff, B. Wilson, J. Dupuy, P. Lobstein, J-C Bouvet, R. Ugolini, H. Nisic, R. Morin, L. Dupour.

1983, 25 juin, FR3,Viéo à la chaîne, diffusion nationale de courts portraits de cinquante vidéastes. Quinze ans d’art vidéo français en 26 minutes. Production et réalisation Pierre-Olivier Bardet de Vidéo-Ciné-Troc, Michel Bonnemaison (Centre de recherches de Montfaucon) et Jean-Pol Guguen, directeur de FR 3 Poitou-Charente. « la forteresse télévision s’effrite, la vidéo ‘légère’ est entrée à la télévision - Une émission en forme d’espoir à l’heure des télévisions régionales, du câble et de la grande pénurie de la production », écrit Le Monde du 19 juin 1983. Avec : Belloir, Gayraud, Caillat, Kiki Picasso, Goyaud-Lefdup, Longuet, Le Tacon, Papillaut, Pain, Fargier, Bousquet, Prado, Roussopoulos, Augé, Morelli, Nisic etc.

1983, Art vidéo, Rétrospectives et Perspectives, Palais des Beaux-Arts, Charleroi. RTBF. Coordination Gérard Michel. Vidéos de France, Allemagne, Autriche, USA, Italie, Belgique etc

1983, II Festival de Video, XXXI Festival de Cine de San Sebastian, coordinacion general, Guada Echevarria, Antoni Mercader, Eugeni Bonet, Cristina Elguezabal, Nuria Gutierrrez, Jordi Torrent con los Vasulkas, Eugenia Balcells, Bill Viola, Klaus von Bruch, Dara Birnbaum, Joelle La Casiniere, Robert Wilson, Yasuno Shinoara, Elsa Cayo, Dan Reeves, Pierre Lobstein, Ernest Gusella, Jacek Hohensee, Teresa Wennberg, John Adams, Robert Cahen, Jordi Torrent, Miha Vipornik, Brian Eno, Giani Toti, Marina Abramovic/Ulay, Joan Logue, Philippe Truffault, Juan Downey, Tomiyo Sasaki, Lydia Shoutten, Ingi Gunther, Dalibor Martinis, Raoul Ruiz, Salvador Dali y Jose-Montes Baquer.
Ou dans les fastes de palaces basques, l'étonnant pas de deux entre un art video adolescent et un cinema nostalgique.. Samuel Fuller et Patricia Highsmith étaient au bar.

1983, septembre, world-wide video festival, KIJKHUIS, (catalogue?) avec une centaine d'artistes video dont Teresa Wennberg et Pierre Lobstein.

1983, 3-6 octobre, Art Vidéo Français 1981-1983 – French Video Art, The French Institute/ Alliance Française, New York. Conception et coordination : Patrick Prado et Teresa Wennberg. Préface de Dany Bloch, Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, avant-propos de Christine Van Assche, MNAM - Centre Georges Pompidou. Catalogue édité par l’AFAA (Action française d’action artistique), la Médiathèque centrale du Ministère des relations extérieures, l’Ambassade de France à New York, The French Institute – Alliance Française. Vidéos de R. Cahen, D. Belloir, Y. Nguyen Minh, C. Ikam, J. de la Casinière, Ph. Truffaut, M. Jaffrennou et P. Bousquet, P. Lobstein, T. Wennberg, J-L Le Tacon, P. Prado, J-P Fargier et D. Jaeggi, H. Nisic, A. Jaumier, J-M Gautreau,, J-C Bouvet, R. Baladi, J. Dupuy, R. Ugolini, J-M Benech et J-M Vecchiet, M-A Poyet et B. Delesalle, Ph. Puycouyoul, Basile-Vignes, F. Pain, Orlan, Viet.

 


couverture du catalogue – P. Prado


1983, septembre, L’Obscène, Traverses n° 29, Revue du Centre de Création industrielle, Centre Georges Pompidou. Numéro établi sous la direction de Jean Baudrillard, coordonné par D. Belloir. L’iconographie du n° est tirée de vidéogrammes, dont ceux de Grand Canal : D. Belloir, R. Cahen, C. Ikam, Y. G. Minh, P. Prado, Yann Nguyen Minh, et aussi de N.J.Paik, J. Godfrey, C. Deblé, A. Elfort, T. Krikorian, etc. .

 

Traverses –Centre Georges Pompidou -1983

couverture : Yann Nguyen Minh


1983, Octobre, Video C.D.83, Ljubljana, Jugoslavija, programmes d'After Image, du Centre pompidou, de J-P Fargier, de Frigo, de C. Ikam, d'Image Video, de l'INA, de Kijkhuis, du Palazzo Dei Damanti, de Jordi Torrent, de Video Ciné Troc avec Le tacon, Lobstein, Minh, Nisic, Poyet/Delasalle, Wennberg, Prado, de la Casiniere/Ahriman/Bonnemaison, de Mimo Lombezzi.

1983, 24-28 Octobre, 2ème Semaine de la Création Vidéo, Grenoble, avec la plupart des vidéastes de Grand Canal

1983 – Intermedia - Ministere des Affaires étrangères, Répertoires des « courts metrages documentaires français », 380 pages. On y trouve Chris Marker, Godard, Depardon, Franju, Varda , mais aussi de l’art video avec Y de Peretti, P. Prado, D. Jaeggi, D. Barbier, D. Belloir, P. Bousquet, Ch. Boustani, R. Cahen, J-P Fargier, S. Handschutter, M. Jaffrenou, A. Jomier, J-L Le Tacon, A. Longuet, M-A Poyet, T. Wennberg , R. Ugolini, ajoutons a cette liste C. Roussopoulos et Marc Caro.

1983/1984, 10 Décembre-5 février, Electra, Performances vidéo, Musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Sélection vidéo conçue et coordonnée par Dominique Belloir. Soirées performances par Jean-Louis Le Tacon et organisées par Bénédicte Lesage et Alain Jomier. Mur d’écrans dans la salle Dufy ( La Fée Electricité) par Le Tacon et Belloir (elle l’avait déjà installé deux ans plus tôt au MAMVP). Imagiciel de commutations d’écrans par Daniel Michel. Installations et performances de B. Vignes, J. Lefdup (Six mille Sung) ; Ph. Ronce ( L’Écho des bananes) ; Free Rock (Vidéo rock KGDD) ; Th. Nivaux (Psyché Vidéo) ; M. Spex, M. Mingarelli (Vidéo Danse) ; K. Murobushi (Danse Butô; M. Tomkins , A. Longuet (Entre d’eux) ; D. Belloir, A. Longuet (Present Tense Nerds 1984) ; Matt Masson Prod. (New War, vidéo rock) ; S. Handschutter (Clin d’œil) ; Frigo ; Orlan ; B.T. Montagnac (Une Fureur I, II, III) ; P. Prado (Amour Transcodé) ; New Mixage (Zoo Mixage Circus) ; Composite Prod. (Electric Momes) ; Jean-Michel Vecchiet (San Marco) ; J-M Duhard, M. Cazenave (Couleur Mécanique) ; Marie-Jo Lafontaine, Teresa Wennberg et Pierre Lobstein. Les prerformances d’Electra furent finalement interrompues par la Mairie de Paris (par Françoise de Panafieu) pour des raisons de sécurité, à la suite d’une performance assez spectaculaire comportant des tronçonneuses et autres machines projetant des étincelles sur la scène tandis que Le Tacon, écoeuré, demande « l’asile politique » en Tunisie.


multi écrans Electra "Amour transcodé" avec femme dormant sur canapé

 

1984, jan-fev-mars, Art actuel, Axe sud N° 11. Texte de Pierre Lobstein et Teresa Wennberg : « Art vidéo ? Parlons de l’art de la vidéo. » et à propos de Hervé Nisic, Dominique Belloir, Patrick Prado et Yves de Peretti.

1984 Hervé Nisic et Patrick Sobelman créent la société de production Ex Nihilo reprenant le nom du label d'autoproduction des premières bandes d'Hervé Nisic. Ex Nihilo produira des œuvres de Cécile Babiole, Robert Cahen, Marc Caro, Michaël Gaumnitz, Patrick De Geetere Geetere, Michel Jaffrenou, Jean-Louis Letacon, Yann N'Guyen Minh, Hervé Nisic, Patrick Prado, Zbigniew Rybczynski, Pierre Trividic.

Grâce à Canal + et Alain Burosse, Ex Nihilo produit aussi des magazines télévisuels entièrement consacrés à la vidéo de création, comme « Vidéo-Plaisir » de François Bernheim et Jean-Louis Le Tacon, « Picnic TV » de Claude Santiago et « Avance sur Image » de Jean-Marie Duhard. Même le métro parisien fut contaminé par les images de certains des auteurs de Grand Canal dans la brève expérience de Tube de la RATP (avec D. Populus).

1984 du 9 au 13 avril la FNAC (alors « agitateur culturel ») organise la manifestation « Ces merveilleux fous de la vidéo » avec Les maîtres du monde (Yann Nguyen Minh, Jérôme et Denis Lefdup), Hervé Nisic, Wonder Products (Patrick De Geteere)

1984, 3-12 août, Exposition d’Art Vidéo Français, Taipei Fine Art Museum, Taipei, Taiwan. Conception et direction : Martha Su Fu et Wang Tai Chi. Préface et avant propos de René Berger et Brigitte Petit-Archambault. Vidéos de la plupart des auteurs de Grand Canal.


1984, septembre, world-wide video festival, KIJKHUIS, avec Max Almy & Chritine Robbins, Robert Ashley, Jon Alpert, Marie André, Julian Alvarez, Michèle Blondeel, Ros Barron, Alain Bourges, Caterina Borelli, Thomas Beutelschmidt & Lutz Gregor, Luc Bouzat, Klaus von Bruch & heike Melba Fendel, Juan Castillo, Robert cahen, Elsa cayo, Cecelia Condit, Centre de recherche Montfaucon, Gerd Conradt, Jean-Pierre et Luc Dardenne, Jaime Davidovitch, Dimtri Devyatkin, Juan Downey, Rob Dieleman & Wim Liebrand, Patrice ferrand, Jean-Paul Fargier, Rose Finn-Kelcey, Steve Hawley & Harry Walton, Wazo Fukuhara, Monika Funke Stern, Rose Garrard, Ghislaine Gohard, Werner Gerber & Peter Henning, Sandra Goldbacher, Claudio Goulart, Walter Gramming, Jean-Pierre Gras & Lucie Pastor, Peter greenaway, Kees de Groot, John Hay, Gusztav Hamos, Johanna Heer & Werner Schmiedel, Nan Hoover, Madelon Hooykaas & Elsa Stansfield, Sara Hornbacher, Ictus, Catherine Ikam, Sanja Ivekovic & Dalaibor Martinis, Danielle Jaeggi, Joan Jonas, Ruud Janssen & Daria Mohr, John Knoop & Sharon Hennessey, Cindy Kleine, Richard Kalisz, Marian Kiss, Gustav Hamos, Ed Cantu, Thierry Kuntzel & Jerome Prieur, Mikael Klier, Agathe Labernia, Alain Longuet, Eddy Luyckx, Meatball, Laura Mulvey & peter Wollen, Franziska Megert-Vogt, Antonio Muntadas & Marshall Reese, Norbert Meissner, Eric Metcalfe & Hank Bull, Mike & Mark Productions, Paul Muller & Anna Rubin, No télé & Foyer Culturel d'Antoing, Christine Nevejan, Betsy Newman & Ellin Stein, Jacques Louis Nyst, Marcel odenbach, Tony Oursler, Thierry Odeyn, Paris ruft, Albert Pepermans & Frank Vranckx, Jeffrey L.Peters, Edward Rankus, Gunter Ritcher & Hartmut Horst, Zoe Redman, Rolf en Erik, Jean Luc Saumade, Jayce Salloum, Schrägspur, Bert Schutter, Michael Scroggins, Ilene Segalove, Bill Seaman, Shireen Strooker, Geoffrey Shea, Philippe Vallois, Xavier F.Vilaverde, Walter Verdin, Bill Viola, Miha Vipotnik, Teresa Wennberg & Pierre Lobstein, Jeremy Welsh, Nicole Widart, Bruce & Norman Yonemoto, Keigo Yamamoto, installation: Bernard Crespin, Noel Harding, Paul de Moi, Yann Nguyen Minh, Servaas, Studio Azurro.

1984, VIDEO ART, Thessalonique et Palais de Zapio, Athènes, Video installation et super 8, 6ème Festival et hommage à J.L.BORGES, Institut Français de Thessaloniki, Secretariat général de la jeunesse. Conception et Coordination Nikos Giannopoulos.

1985, Heure Exquise ! première association de diffusion non commerciale de la vidéo française et étrangère, Heure exquise a joué un rôle essentiel dans la promotion de l’art vidéo et sa diffusion en France et en Europe. 1989. Heure Exquise : « Il y a une véritable masse d’œuvres, fortes et incontestables, jamais diffusées sur antenne. (…) La vidéo de création a tout pour elle mais surtout pas sa place à l’antenne (…) Il faut faire bouger la télé (et sa) bouillie d’images et de sons médiocres qu’elle impose au téléspectateur (…) Notre travail est de former un public à d’autres écritures (…) Transformons le vidéophile en vidéophage. Passons du petit cercle au grand cercle ».

1985, Vidéo-plaisir, Canal +, François Bernheim, Alain Burosse, réalisation Jean-Louis Le Tacon. Production : Ex Nihilo, Duran, UMT Premier magazine télévisuel entièrement consacré à l’art vidéo. Percutant, drôle, efficace. Où trouver cela aujourd’hui ?

1985, « Video Technê » - VIDEO ART, Série télévisée de diffusion d’art vidéo ( 12X30 mn, chaîne nationale grecque ET-1, Athenes. Plusieurs européens présentés dont de Grand Canal. Réalisation : Nikos Giannopoulos.

1985, Dany Bloch, L'art vidéo, Paris, France, Limage 2/Alin Avila, 1985, 126 pages : « Il semble difficile voire impossible de définir d'une manière précise l'art vidéo. Peut-être parce qu'il en existe autant de formes que de pratiques artistiques contemporaines. Peut-être aussi parce qu'il oscille constamment entre deux pôles: l'art et la communication._Disons que l'art vidéo peut définir la production d'un artiste utilisant une caméra électronique reliée à un magnétoscope, relié lui-même à un écran de télévision appelé «moniteur» qui retransmet instantanément l'image filmée par la caméra. Cet appareillage permet d'enregistrer des images et des sons sur une bande magnétique. La caméra saisit l'information, le magnétoscope l'enregistre et le moniteur la retransmet. À partir de ces trois propositions, on peut dire que l'art vidéo est une forme d'expression le plus souvent artistique qui utilise des supports picturaux nouveaux ». « En 1963 Nam June Paik découvrira qu'on peut produire des images sans avoir recours à une caméra en perturbant, en déréglant, ou en étirant l'image télévisée. «Je n'avais aucune idée préconçue, écrit-il dans une interview publiée dans The New-Yorker. J'ai accumulé les erreurs et il en est sorti un élément positif...» En fait, il n'avait fait qu'appliquer à l'image télévisée les pratiques utilisées depuis longtemps dans les différentes formes de musique expérimentale, électronique, électro-acoustique, à savoir la genèse de sons obtenus électroniquement et leur traitement. Grâce au dispositif électronique, il est possible à présent de créer des formes variées, des rythmes musicaux, des jeux de couleurs ; l'utilisation de la couleur étant un atout majeur dans ce type de travaux, l'image «froide et abstraite» dont parlait McLuhan devient alors ‘chaude et sensuelle’ ».

1985, juin , Vidéo sculpture" Arca Marseille, produit par Roger Pailhas , conçu et organisé par Jean-Michel Vecchiet, avec Patrick Bousquet, Marie-Jo Lafontaine, Nam June Paik, Wolf Vostell. Teresa Wennberg et Pierre Lobstein.

1985, novembre-janvier 1986, 1st International Video Festival, Kulturhuset, Stockholm Jan. 1986 avec Brian Eno, Shigeko Kubota, Yann Nguyen Minh, Ulrike Rosenbach, Wolf Vostell, Teresa Wennberg et Pierre Lobstein.

 


Electronic Sacrifice de P. Lobstein et T.Wennberg, Marseille, Stockholm, 1985


1986, 12 juillet-6 aout, Fesval vidéo à la Chartreuse de Villeneuve, Festival d’Avignon. CIRCA, CNAP, CNC, ARCANAL. Dix installations vidéo de Nam June Paik et Ko Nakajima à M. Jaffrennou et Marie-José Fontaine. N° spécial des Cahiers du Cinéma, commentaires de Paul Virilio et Raymond Bellour, juillet 1986.

1986 décembre – 1987 janvier, Japon Art vivant, catalogues 1 et 2, Aix en Provence, Marseille, Commissaires Jean Biagini, Germain Viatte. Commissaire nouvelles technologies Martine Bour. A l’occasion de la présentation d’artistes contemporains japonais, Pierre Lobstein pour la DAP produit la vidéo de P. Prado, Shinjili, Chronique des choses nouvelles. Articles de Shigeo Chiba : L’essence de l’art japonais actuel ; de Toshikuni Maeno : Institutions, etc. ; de Isao Matsuhura : Réflexionx sur la naturalisation ; de Patrick Prado : Leçons de choses. Le simulacre et l’inéffable ; de Germain Viatte : à propos de Gutaï ; de Félix Guattari : Déjà tant de choses sur Keiichi Tahara (un texte de février 1985) ; d’Edmond Couchot La mémoire vive ; de P. Lobstein et Takako Yamaguchi (peintre) un entretien avec Ko Nakajima.

1987, 7-10 octobre, 28 ème Festival International de Cinéma et Vidéo de Thessalonique. Direction, Conception et coordination Nikos Giannopoulos. Plusieurs vidéastes européens invités dont de Grand Canal.

1987, juin, Création vidéo en France, Intermédia - Ministère des Affaires étrangères. Conception-coordination : Marion Vargaftig et Michèle Viaud. Six « professionnels » de la vidéo exprime leurs vues sur la création vidéo en France : Marion Vargaftig, Dominique Belloir, Jean-Marie Duhard, Alain Burosse, Jean-Paul Fargier, Anne-Marie Duguet. 46 bandes sont présentGrande Halleées.

1988, été, "Inventer 89", La Grande Halle, La Villettte, Vaisseau de Pierres, Compétiton Internationale avec 157 lauréats dont Pierre Lobstein et Jean Alain Sidi, fondateur de XIS, entreprise numérique multimedias,, pour "Citoyens 89" ou une proposition de videomatons pour portraiturer l'humanité en reseau mondial satellitaire.

1988, 4ème Festival International de vidéo, Montbéliard. Olivier Lamour dans Libération du 29/09/1988 : Cinquante œuvres en compétition, moins d’art vidéo et plus de fictions et documentaires, plus 700 autres bandes visionnables ad libitum. Vidéos moins radicales et moins abstruses avec moins d’effets, dit-on. Alain Burosse, responsable des programmes courts de Canal + achète une dizaine de bandes et Anna Glogowski responsable des documentaires sur la même chaîne « a repéré un film sur la pêche aux phoques chez les Inuits ». Article élogieux de Serge Daney.

1988, 31 août - 4 octobre, IIda Bienal de Video, Museo de Arte Moderna de Medellin, Colombia. Vidéos d’Europe, USA, Amérique latine, Japon. Préface de Tulio Rabinovich Manevic, introduction de Juan Guillermo Garcès. 43 vidéos françaises sont présentées, dont 29 de Grand Canal

1988, novembre, , "Les TransInteractifs", visio-conference-performances Paris/Toronto, colloque Centre Culturel Canadien, Paris, Derrick de Kerckhove avec Paul Virilio, Philippe Quéo, Frank Popper, Jean-Louis Boissier, Jean-Louis Weissberg, Roy Ascott, Pierre Lobstein, Tom Klinkowstein, Jean-Marc Philippe, Fred Forest, Mario Costa, Pierre Moëglin, Christian Sevette, Natan Karczmar.

1989, juin,"Europa i haz, muveszek az udvaron, gaz van minden emeleten" "Maison Europe, les artistes sont dans le cour, gaz à tous les étages", "INTERFERANTS" Budapest-Albi, Video performances téléphoniques, slow-scan de CIT-Acatel, une mise en situation de Pierre Lobstein avec les artistes Peter Forgacs, Laszlo Fe Lugossy, Aron Gabor, Laszlo Kisramas, Janos Sugar, Janos zirtes, Andras Wahorn. Ecole Supérieure des Ars Décoratifs, Budapest, Base de Pratgraussals, Albi, Institut Français en Hongrie, Art Rencontres Internationales avec Pierre Ponant.

1989 juillet,/aôut, "Citoyens 1989", Statue de la Liberté, NYC, une intallation de Pierre Lobstein avec le soutien du Comité de l'Unesco et du Comité franco-américain pour la célébration de "la rencontre des 2 mondes" et de l'ambassade de France.

1989 octobre, "Citoyens 1989", Mucsarnok de Budapest, une installation de Pierre Lobstein avec le soutien de l'institut Français en Hongrie et du Belà Balacz Studio.

1989 novembre, Mostra international de video art en Canarias présente des installations de Yann Nguyen Minh, H. Nisic Le baiser sous la véranda, J.P. Fargier Jérôme Lefdup sont aussi du voyage. Une large programmation de vidéos internationales de Z. Rybcynsky à Vasulka, R. Cahen, A. Longuet, J. Drupsteen, M. Jaffrenou, P. Prado etc..

1989-1996 Festival franco-balte d’art vidéo, conçu par P-E Gallet. Des vidéastes de Grand Canal y participent et douze vidéastes baltes (Lettonie, Lituanie, Estonie), parmi lesquels Ledins, Zarins, Kurvitz, Biseniece, Seputis, Janku, sont invités en France . Quinze journaux vidéo en seront les produits dont trois réalisés par des vidéastes français, Prado avec son Ris Ta Vie, un hommage à Guy Debord qui venait de disparaître, Nisic avec l’Intérêt réciproque, Le Tacon avec Le Plan d'évacuation.

1990, février,"Portraits d'Humanité", la Galleria, Fort de france, 1ere installation d'art video en Martinique, Pierre Lobstein avec le soutien de la Drac et de l'Ecoel d'Art.

1990, 20-25 février, La vidéo casse le baroque, Centre Wallonie-Bruxelles Paris : « la vidéo souflle ses vingt-cinq images » ou le 25° anniversaire de l’art vidéo en France. Les vidéastes le font donc remonter à 1965. 1965 ? C’est le trajet en taxi avec son premier portapak de Nam June Paik, a New York, qu’il diffuse immédiatement au café « A Gogo ». 1965, c’est Fluxus en Allemagne auquel participe NJP et celui-ci « prépare » des téléviseurs comme John Cage prépare ses pianos. Mais dès 1959, c’est Wolf Vostell qui, avec Fluxus encore, lance les premiers TV-happenings et ses TV-décollages à Wuppertal en Allemagne. L’installation au Centre Wallonie-Bruxelles se développe sur trois étages, de la cave au grenier comme une « maison vidéo » des jeunes mariés de la vidéo, de la chambre à coucher à la salle de bain, des toilettes à la chaudière, des escaliers aux couloirs, tous envahis de moniteurs préparés, détournés, retournés, torturés, flagellés, brisés, flambant, coulant, couinant, du meilleur effet. Ce catalogue est mis bientôt en ligne par Alain Longuet. Il propose des définitions de la vidéo et de sa branche française rétrospectivement pas piquées des pixels. La Vidéo Casse le Baroque était une magnifique expo et une non moins magnifique catastrophe financiére, l’annonce de cette exposition n’ayant par exemple pas même parue dans l’Officiel des spectacles.


couverture de Jean-Yves Cousseau


1990, 6-7 avril, Vidéo-France, Istituto francese di Firenze, Florence, Italie. 3ème présentation d’art vidéo des productions françaises. Direction Noëlle Chatelet. Conception et catalogue : Alain Bichon. Rétrospectives Robert Cahen. Sélections INA, Ex Nihilo, Grand Canal, Musée d’Orsay. Dominique Belloir y présente en « première absolue » (dixit la presse locale) son Syndrome de Stendhal tourné à Florence l’année précédente.

1990, 18-23 juin, Festival International de Patras - GRECE - Nouvelles Technologies, 1ère Rencontre européenne. Organisation Nicos Giannopoulos, Thanos Mikroutsokos, Nicos Patiniotis. Colloque sur le numérique. Tentative de mettre en place un réseau européen de diffusion d’art vidéo.

1990, 1eres Rencontres Européennes pour l’art et les nouvelles technologies, Athènes, Grèce. Présentation de Grand Canal- Sélection video des artistes francais), Galeries: Ileana Tounta, Evmaros, Titanium, Medusa, ad. Conception et organisation : Nicos Giannopoulos.

1990, 8-10 novembre, Artmedia III, Salerne, Italie, 3ème rencontre internationale de l’esthétique des media et de la communication, colloque et diffusion d’art vidéo organisée par le professeur Mario Costa de l’Université de Salerne, un des meilleurs théoriciens de l’art electronique et de l’esthétique de la communication (nombreux ouvrages publiés -par exemple Il sublime tecnologico, 1990- dont certains en français), site xxxxx. Invités français : Catherine Millet, Patrick Prado.

1991 16 janvier, Interface, Nordic Video Art, Stockholm, Suède, par la Nordic Video Art Foundation, coordonné par Juan Castillo, Fredrik Ceson, Karl Homqvist, Päl Wrange, Clara von Rettig. Vidéos et installations d’artistes nordiques, invité Patrick Prado et …

1991, 22-23 mars, Vidéo-France, Istituto francese di Firenze, Florence, Italie. 3ème présentation d’art vidéo des productions françaises. Direction Noëlle Chatelet. Conception et catalogue : Alain Bichon. Rétrospectives Patrick de Geetere et Patrick Prado. Sélection des films de Heure Exquise ! A cette occasion, on retrouve cet interview de P. Prado dans un journal italien : « Inammorato delle isole portoghesi, spagnole, italiane e del Centroamerica, evito per quanto possibile il contatto tecnologico et culturale con il mondo anglosassone ».

1991, avril/mai,"Parcours du double, Ethnologie de l'imaginaire", Musée des Monuments Français, Paris, avec Philippe Chapu et Denis Roche, organisé par Art rencontres Internationales et Pierre Ponant, 5 installations de Tom Drahos, Alain Fleischer, Pierre Lobstein, Paul Pouvreau, Tibor Szemzö.

1992, 26-28 mars, 3ème Festival Vidéo Liège International, (le 1er s’est tenu en 1988). Film et Culture-Liège, RTBF, Carré noir. Conception Coordination Michel Gérard. Compétition internationale. Vidéos (Grand Canal et associés) de Jean-dit-Panel, de Peretti, Morelli, Trividic, Cahen (qui remporte le grand prix) , Catalogue : avant propos de Michel Gérard, Joseph Moxhet et Benoït Labaye. Post-propos avec Raymond Ravar. L’émission Vidéographie puis Lumière bleue de la RTBF ont fait de la Belgique la pionnière en matière d’art contemporain télévisuel et de sa distribution. Elle diffuse l’art vidéo dès 1976. Carré Noir en est l’héritière, premier lieu avec Canal + de production et de diffusion TV de l’art vidéo en Europe, Liège s’est ainsi alors positionné comme un centre majeur de la créativité vidéo européenne. C’était l’époque où la télévision n’avait pas peur d’inventer et n’avait pas encore conçu Loft Story, Star Ac’.

1993, 1er trimestre, Nouveaux créateurs, regards d’école, Centre National des Arts Plastiques (CNAP-Ministère de la Culture). Dix catalogues pour dix états des lieux des arts contemporains en France, dont , numéro 10 par ordre alphabétique, la vidéo. Avant –propos de Pierre Bongiovani, directeur du CICV Montbéliard, portraits par Jean-Paul Fargier, vidéaste, critique au Monde, à Libération, aux Cahiers du Cinéma. Dix vidéastes sont présentés: Aragona, Barbier, Cahen, Denise, de Geetere, Guitton, Jean-dit-Panel, Kuntzell, Labro, Lobstein, Mignonneau, Prado, Vayssié, Wennberg.

1993, 1er trimestre, 82-92 Film et vidéo, CNAP-DAP Productions, Centre National des Arts Plastiques, Délégation aux Arts Plastiques. Dix ans de production audiovisuelle. Préface de François Barré, délégué aux arts plastiques. Gros catalogue de 259 pages en 5 rubriques : monographies, d’artistes, films sur plusieurs artistes, art vidéo (par titres des œuvres et par ordre alphabétique), fictions, et un index des titres, séries, artistes, thèmes et réalisateurs. La plupart des auteurs de Grand Canal sont présents.

1993, avril, Heure Exquise ! et le Vidéographe du Québec publient en commun un catalogue de bandes vidéo françaises et québécoises, dont de nombreuses de Grand Canal

1993, Heure Exquise ! Nouveau catalogue. H.E ! distribue les bandes d’art vidéo. 1180 œuvres sont répertoriées, classées par genres, auteurs, collections, langues. Ce catalogue et les suivants sont disponibles :

2001, Symposium: ‘’Digital Cinema’’ 42eme International Film Festival of Thessaloniki. Conception et organisation Nicos Giannopoulos. Réalisateur et producteur, N. Giannopoulos est le pionnier de l’art vidéo pour la Grèce et a popularisé l’art vidéo international dans son pays.


 

7- Grand Canal en veilleuse et perspectives nouvelles

Grand Canal, bien qu’en veilleuse, existe toujours en 2016, grâce à l’energie mise dans son sauvetage par Dominique Belloir durant plus de quinze ans. Ses membres sont toujours actifs, surtout Dominique Belloir.

 

Venise, 17 février 1983. P. Prado, pour « Les trois soupirs de Venise » 

 

Prado trourne avec son égérie Nelly Guilmoto a Paris (N, ou l’ombre d’un doute) et à Venise (Les trois soupirs de Venise) ; Le Tacon filme son poulailler avec humour et brio ; Lobstein poursuit sa série Filmer l’humanité; Wennberg s'est plongée dans la Réalité Virtuelle, R. Baladi filme le ciel dans le ciel, . Après son départ d'Ex Nihilo en 1993, H. Nisic se tourne vers le documentaire et continue l'expérimentation sur Internet avec son film permanent collaboratif « Nos vies » depuis 2003, sans oublier de monter enfin les rushes tournés au Chili en 1990 Quelque part dans l'inachevé 2015.


"A quoi sert le lynx? A rien, comme Médée" Montparnasse 2000/01, Pierre Lobstein 

 

Les artistes utilisant la vidéo à l'époque venaient d’origines très différentes, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui : il sortent pour la plupart des Écoles d’art.

En 1995 Mirage Illimité, petite structure de production est créée par D. Belloir, A. Longuet, et P. Prado, consacrée aux fictions et documentaires de création, le plus souvent en partenariat avec Canal +, Arte, la 5, le Ministère de la culture, les Écoles des beaux-arts et d’art plastiques. Cette société permettait de produire des documentaires sur l’art pour les chaînes de télévision, ce qui n’était pas le cas de Grand Canal.

Après avoir produit le film sur les Vasulkas (avec Peter Kirby), D. Belloir n’a pas cessé de produire des documentaires sur les expos, des portraits d’artistes, des documents sur l’architecture : www.mirageillimite.com. Grand Canal engageait ainsi le passage de la vidéo dite « de création » ou « art vidéo » à la « vidéo de création documentaire » où l’outil vidéo n’est pas l’essentiel, mais devient plus facilement disponible. D.Belloir produit en 2016 des installations de J-M Alberola pour une importante expo au Palais de Tokyo de février à mai 2016.


8- Grand Canal, de l’histoire aux archives

Au début des années 2010 des jeunes universitaires et conservateurs entousiastes, Hélène Fleckinger, (qui prépare en 2016 une thèse de doctorat sur le militantisme féministe par l’image), Alain Carou, Sébastien Layerle réveilleront les belles endormies, la Bibliothèque Nationale et le Centre Georges Pompidou, pour revisiter ces décennies vidéastiques dans un séminaire marquant sur la « Vidéo des premiers temps » et en reprenant contact avec des pionniers de la vidéo d’intervention comme Thierry Nouel, Yvonne Mignot, Michel Lefebvre, et de « paluchards » comme François Pain, P. Prado, Y. de Peretti, P. Lobstein et bien d’autres

« Au début du XXIe siècle, la vidéo est devenue un médium familier, omniprésent dans nos vies. En France, cette technique sort des studios de télévision à la fin des années 1960 et surgit dans le champ des luttes sociales. Les événements de 1968 ont précipité l’essor du cinéma militant. La vidéo devient rapidement un support privilégié d’intervention. Les premiers à s’emparer de ce « média léger » profitent de l’extraordinaire souplesse pour l’époque du magnétoscope Portapak de Sony, le premier à comporter une caméra portable. Cinéma et vidéo militants veulent l’un et l’autre faire témoigner les intéressés, leur montrer les rushes et éventuellement retourner les séquences ratées. L’idée d’une participation des sujets filmés à la réalisation d’un film – le « filmer avec » –- caractérise tous ces projets. La vidéo permet de confier une caméra à des ouvriers dans le cadre d’un atelier de réalisation.

Armand Gatti, dans sa série Le Lion, sa cage et ses ailes*, donne ainsi la parole aux travailleurs immigrés des usines Peugeot de Montbéliard. Le cinéma d’intervention sociale renvoie le documentariste au rôle d’exécutant technique au profit d’un collectif souvent anonyme qui englobe parfois tous les participants. Pour Hélène Fleckinger : « Les femmes se sont massivement emparées de la vidéo, car il s’agissait d’un nouvel outil sans histoire, peu cher, simple d’utilisation et que les hommes n’avaient pas encore accaparé. Les premières militantes voulaient se servir d’elle comme d’un stylo, comme on écrit un tract. Carole Roussopoulos achetait sa première caméra avec ses indemnités de licenciement du journal Vogue en 1969, la deuxième vendue en France après celle de Jean-Luc Godard ! »

Avec la caméra vidéo, témoin et actrice des luttes, il devient possible de tourner plus longtemps que sur pellicule, avec le son synchrone. On peut effacer sur-le-champ, ce qui facilite le rapport de confiance avec les personnes filmées. Un autre avantage est de pouvoir diffuser quasi instantanément les images, par exemple, pour rendre compte du déroulement d’une assemblée générale à ceux qui n’y étaient pas.

Un exemple spectaculaire de la fonction d’intervention directe de la vidéo : en 1975, les prostituées de Lyon en grève, réfugiées à l'intérieur d'une église, sont filmées par Carole Roussopoulos, qui diffuse ensuite leur parole sur deux écrans de télévision disposés à l'extérieur. La Grève des prostituées de Lyon* donne un large écho à leur mouvement.

Fondé en 1982 par Carole Roussopoulos, Delphine Seyrig et Ioana Wieder, le Centre audiovisuel Simone de Beauvoir pérennise cette démarche militante. Depuis 2005, un partenariat entre la BnF et cette structure a permis de sauvegarder nombre de réalisations enregistrées sur des supports en péril. Maintenant accessibles au niveau recherche de la Bibliothèque, elles retrouvent aussi une vie en projection comme lors de la rétrospective Carole Roussopoulos organisée à la Cinémathèque française en juin 2007. La même démarche de sauvegarde vient d’être engagée avec le mouvement du Planning familial.

Dans le champ artistique, l’art vidéo émerge dans un environnement interdisciplinaire. Comme la vidéo militante, il va s’employer à subvertir le discours des médias audiovisuels de masse. Dans Ubu roi, Les Polonais* ou Les Raisins verts*, Jean- Christophe Averty crée pour la télévision un théâtre électronique et développe avec la technique du kinescope un travail graphique de collage qui préfigure l’emploi systématique de l’incrustation, dont il est le pionnier. Peintre, issu du groupe lettriste d’Isidore Isou, Michel Jaffrennou s’inscrit aussi à sa manière dans une démarche expérimentale et ludique, à la confluence du spectacle vivant et de l’art vidéo. Vidéopérette* attira un large public à la Grande Halle de La Villette en 1989. L’artiste vient de verser à la BnF l’intégralité de ses œuvres vidéographiques et de ses captations de spectacles. Ses archives, documentant son travail et la diffusion de l’art vidéo à Paris depuis trente ans, intégreront progressivement les fonds de la Bibliothèque ».

« Le dépôt légal remplit un rôle crucial, en rendant, par exemple, accessible une grande partie des productions du Centre international de création vidéo de Montbéliard, qui a joué un rôle central dans les années 1980 et 1990. Les utopies critiques des débuts de la vidéo ont des héritiers plus ou moins légitimes, aujourd’hui, dans toute la société. Une nouvelle production militante a émergé avec les moyens légers de la vidéo miniaturisée, dans la lutte pour la reconnaissance des sans-papier, des mal-logés ou des exclus.

Les plates-formes d’échanges vidéo sont de véritables réseaux alternatifs de diffusion, où le remontage et le détournement des images sont monnaie courante.

Sa prolifération sur Internet est devenue un véritable défi pour le dépôt légal sur support et en ligne. »


Les Toto-logiques, de Michel Jaffrennou et Michel Bousquet

 

En 2015, Sébastien Layerle, enseignant-chercheur a la Sorbonne nouvelle Paris III et IRCAV prépare un ouvrage sur le cinéma militant.


Alain Carou signe un des textes avec Julien Farenc qui ont persuadé les auteurs vidéo de déposer leur travail a la BN, et pas seulement au titre du dépôt légal

La collection de Don Foresta a été numérisée par l’INA et est maintenant disponible à la BNF. Même chose pour les bandes des étudiants de la section vidéo de l’ENSAD.

un fonds Genevieve Hervé constitué par Inarchiv se trouve à la Bibliothèque Nationale.

Yvonne Mignot, Michel Lefebvre, Patrick Prado, etc. deposent leurs archives et films a la BNF.

 

Grand Canal

Grand Canal Collector

 

 

Jean Dupuy, acrylique sur toile, 1984

 

 

Texte de Patrick Prado

 
Compléments Festivals Video et mise en html, Pierre Lobstein.

Toutes les informations collectives seront appréciées, les personnelles feront l’objet d’un lien vers vos sites propres ou sites de diffusion video..


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